à propos de l’exposition : fnac forum des halles – 2002

NOIR-BLANC-ACIER

Généralement, il faut lever la tête ou l’incliner, pour observer une photographie. Ici, face aux oeuvres de Charlotte Walior, on est plongé naturellement dedans.
La profondeur est devant nous, le naturel nous transporte – simplement – apparemment = des ciels, des nuages, beaucoup de nuages fondants, pommelés et légers, lourds, pesants, prêts à éclater, donnent la trame. Et l’effet d’un instant est pérennisé.
Il est humanisé avec autant de force par l’effet d’une jambe, d’un vol, de quelques pierres ou l’encadrement d’une fenêtre.
C’est un arrêt sur image, un arrêt sur la vie qui passe. On aspire à plein poumon l’air, le vent, l’humidité.
L’espace encadré donne une ouverture sur le monde, un monde d’espérance.
Le mirage du vol de la barque n’en finit pas de nous emporter dans nos rêves. Le calme et la sérénité s’imposent dés le premier instant. Ils traduisent une vérité que Charlotte Walior veut transmettre.
Nous sommes doués de sens aigus, pourvu que nous sachions les mettre au service de la nature et du monde visible ou
invisible.

C’est une invitation.
Et par touches légères, d’un détail, Charlotte nous guide là où elle souhaite nous emmener.
Il en ressort une exaltation qui vient toucher à ces notions « d’universel » et « d’humain » qui ne cessent de s’entrecroiser.

La personnalité de Charlotte Walior, à travers les émotions fortes exprimées, est bien présente tout au long de ce cheminement.
Sa carrière de comédienne donne la présence, sa carrière d’auteur donne la matière, sa carrière de réalisatrice donne le regard.
Pas de personnages dans ses photos, car la vie est suffisamment présente et charlotte si présente. Pas de lumière imposée, c’est la nature qui l’impose, naturelle. Charlotte sait l’attendre ou la surprendre. Pas de cadrage reconstitué, c’est un petit angle de gros appareil, lourd, ancien qui fait corps avec elle et qui produira tous ces effets.
En un mot la vie est là, elle nous embrasse.

Charlotte l’embrasse et la prend à bras-le-corps pour ne jamais lâcher les maillons qui la tissent jusque dans la rouille de ses encadrements d’acier.

Juin 2002
Marianne Déon-Mayer

Galerie DÉON-MAYER

BLACK-WHITE-STEEL

Usually we look up at photographs or tilt our heads to look at them. With Charlotte Walior’’s work, we feel part of them.
Depth is before us, its essence just transports us to skies, where many dissolving clouds, puffy and light, heavy and ponderous, ready to burst, provide the weave. And there, the effect of the moment becomes perennial.
It is forcefully human through the position of a leg, a flight, a few stones, or a window frame.
Halt on an image, on a life that is passing. You can breathe air, wind, dampness.
The framed space as an opening to a world, a world of hope.

The mirage of the flight of the boat carries us into our dreams. Calm and serenity descend from the first instant, crystallising a truth that Charlotte wants to express.

Our senses are acute, provided that we know how to make them serve nature, the visible and the invisible.
It is a invitation. With light strokes, a detail, Charlotte guides us to where she wants to take us, to an exaltation of the notions of humanity and the universal, and an incessant intertwining of the two.

Charlotte Walior’s personality, through strong and expressed emotions, is present all along the way. The actress gives presence, the author material, and the film director the power of observation.
No people in her photos, since life and Charlotte are already there. Light is not planned, but is imposed by nature. Charlotte knows how to wait for it, or catch it by surprise. No reconstructed frame, it is a small angle on a bulky camera, heavy and old, that has become part of her and produces all these effects.

Life is there, embracing us. Charlotte embraces it and tackles it head on, never letting slip any links in the chain, even to the rust in her unrefined steel photo frames.

Juin 2002
Marianne Déon-Mayer

Galerie Déon-Mayer